what are you doing here?

"what the fuck are you doing here?"

Je souffre et souffre encore. Je me sens idiote d'être encore en peine après tous ces mois. Mais il a détruit le peu de confiance que j'avais en moi. Ça fait des semaines que maman tente de me changer les idées. Et il y a Olive aussi, qui passe presque tout son temps libre avec moi. Elle ne veut pas me laisser seule, surtout pas. Je ne suis pas sortie depuis trois jours, mais je vais devoir aller au travail demain. Je n'ai pas envie, je ne veux pas sortir. J'écoute un épisode de supernatural, c'est la seule chose qui me rend le sourire ces temps-ci. Je reçois un text d'Olive, qui m'oblige à sortir la rejoindre au terminus. J'ai pas envie de sortir, mais je n'ai pas le choix, sinon elle risque de venir me chercher de force. Je prends une douche, j'enfile des pantalons noirs et un t-shirt rayé black&white. Je laisse mes cheveux encore humides et détachés. Je prends mon sac, m'assurant que mon porte feuille, mon livre (hp 2) et mon téléphone y est. Je sors enfin. En sortant de chez moi, je tombe face à face avec lui. "Cameron..." J'ai un léger haut le coeur en disant son nom. Il me fait mal.

"what the fuck are you doing here?"

Dans la vie, il y a des choses qu'on contrôle, et des choses qu'on ne peut contrôler. Et cette chose que j'ai fait, je n'ai pas pu le contrôler. C'est malheureux, je sais. C'est même monstrueux, ce que j'ai fait. Mais c'est la vie. Je m'en veux de l'avoir blessé, mais il faut croire que ce n'était pas la bonne personne pour moi. J'ai agi en con, mais il faut passer à autre chose. J'espère sincèrement qu'elle y arrivera. Ce n'est pas l'idée du siècle d'avoir emménagé dans le logement d'à côté, mais l'offre était bonne : le quartier, le loyer, et puis le proprio m'aime bien. Il me laisse gratter ma guitare comme je le veux. C'était l'idéal. Maintenant, je vais devoir la croiser, Nina. Qu'on le veuille ou non. C'est donc en rentrant de mon travail ce soir là, que je la croise. Après 1 semaine à avoir emménagé dans l'appart. Elle semble bouche-bée de me voir. Moi, je ne sais pas trop comment réagir... « Salut Nina... » Et maintenant, qu'est-ce que je fais? Le mieux c'est d'aller droit au but. « Écoute, j'habite dans cet appartement, le numéro 12... » C'est la première fois qu'on se voit après environ 3 mois. Je suis passé à autre chose, et elle?

"what the fuck are you doing here?"

J'ai mal au coeur. Ça ne va pas du tout. Je tente de respirer comme il faut, mais j'ai le souffle court. Allez, ressaisis-toi. On est dans la même ville, il fallait s'y attendre. Le recroiser, c'était inévitable. Un jour. Mais si tôt? Il est encore beau, le connard. Et il m'avoue qu'il vient d'emménager dans l'appartement d'à côté. C'est une blague? Je suis rouge comme une tomate, rouge de gêne mais aussi de colère. "Mais pourquoi? C'est le seul appartement que tu as pu trouver?" Dis-je, avec un léger ton de colère.

"what the fuck are you doing here?"

Je le vois bien qu'elle est en colère. Et je ne peux vraiment pas lui en vouloir pour ça. Mais ce qui est fait est fait. Elle n'est donc pas passée à autre chose... « C'était le mieux placé... avec le travail et tout, et puis le proprio m'a baissé le prix, je pouvais pas refuser. » Ce qui est vrai en plus. Elle ne sourit pas, son regard est froid. Son sourire me manque, elle était jolie quand elle souriait. Elle l'est encore. Bien sûr. Mais là n'est pas la question. Je n'étais pas amoureux, et je ne le serai sans doute pas. Je n'ai jamais aimé personne. « Tu devras m'endurer encore, mais je te promets, je ne ferai pas trop de bruit. » Dis-je à la blague. Devrais-je l'avertir qu'elle risque de croiser des filles au beau milieu de la nuit? Peut-être pas, non.

"what the fuck are you doing here?"

Notre histoire n'a pas fait long feu. En fait, elle n'a pas duré plus qu'un mois. Pourtant, j'ai été tellement blessée, et le revoir me refait mal. Je voudrais être forte, mais c'est impossible. Donc si je comprends bien, c'est lui, mon nouveau voisin. Alors, c'est la joie. Il s'excuse, eh oui, bien sûr, vas-y. C'est pas ta faute, nan, pas du tout. Connard. Il me promet de ne pas faire de bruit. Je le crois à peine. "C'est pas possible. Je vis un cauchemar! Moi qui essaie de passer à autre chose depuis des semaines, et te voilà qui débarque dans l'appartement voisin." Je dois me ressaisir. Agir en adulte. Je ne peux rien y faire, à cette situation. Je vais endurer, comme il le dit. "Bon d'accord, ma réaction était un peu exagérée. Je ne vais pas m'excuser, par contre. Non. Mais on est capable d'être civilisés." Je ne deviendrai jamais amie avec lui, pas après ce qui s'est passé. Mais, je peux être cordiale.

"what the fuck are you doing here?"

Je suis pas ici pour la faire chier, ou pour lui faire de la peine. C'est le passé et il faut avancer. Elle est non seulement en colère, elle est encore blessée et je ne peux pas lui reprocher. « Mon but n'est pas de te blesser ou de revenir en arrière. Ce qui s'est passé c'est derrière nous et il faut passer à autre chose. » C'était un peu direct de ma part, je m'excuse à la suite : « Je suis désolé, j'ai manqué de tact. Je m'attends pas à être pardonné un jour, mais il faudra se croiser parfois et j'espère que tu n'auras pas envie de me tuer chaque fois que tu me vois. » Tant qu'on est sur la même page, c'est ce qui compte. Nina semble du même avis, ce qui est rassurant.

"what the fuck are you doing here?"

J'ai pas envie de vivre ce moment. Je voudrais partir, l'oublier à tout jamais. Ou bien juste partir, là maintenant. Éviter cette conversation. L'éviter, lui, à tout prix. "C'est bon. On ne se fera pas la guerre chaque fois qu'on se voit. Ça sert à rien." J'veux lui prouver que je suis mature et que je suis passée à autre chose (alors que c'est pas trop le cas. "Je dois y aller, alors... Bonne suite." Bonne suite pour quoi au juste? J'en sais trop rien. Je regarde mon téléphone. Super, j'ai perdu 5 minutes, je dois maintenant courir pour ne pas manquer l'autobus. J'ai hâte de tout raconter à Olive.