chapitre 2

Il est là, devant elle. C'est bien lui. Lavande le reconnait, sa chevelure rouse, sa carrure, son sourire, ses yeux qui la fixe. C'est vraiment Ronald Weasley. Plusieurs mois ont passé, et pourtant c'est comme si c'était hier. Hier encore, elle se trouvait dans ses bras, c'était elle qu'il embrassait dans les couloirs de Poudlard, sur le canapé de la Salle Commune. Et puis Lavande a tout gâché, comme elle a toujours tout gâché dans sa vie. Elle était trop. Juste trop amoureuse, trop jalouse, trop intense. Ron s'est sans doute senti ettoufé dans cette relation, et une partie d'elle le comprend. Avec le recul, Lavande peut bien l'avouer qu'elle était très intense à l'époque. Une adolescente pleine d'hormones, qui croyait au grand amour. Mais à 16 ans, sait-on vraiment ce que c'est, l'amour?

- Salut, dit-elle enfin.

À l'intérieur d'elle, son coeur bat la chamade. Elle cherche Parvati du regard, un appel à l'aide. Que quelqu'un vienne la sauver.

- Tu vas bien, tu voudrais qu'on s'assoit? demande Ron, qui visiblement, a remarqué le léger malaise de Lavande.

- Oui... je crois que j'ai juste trop bu vite.

Elle se retourne vers deux chaises libres, elle va s'asseoir. Au moins, elle n'aura pas peur de tomber si elle est assise.

- Tiens, une bouteille d'eau.

- Merci, Ron.

Lavande prend la bouteille qu'il lui offre. Elle boit quelques gorgées, ferme les yeux, prend des grandes respirations. Lavande se sent gênée. Après tant d'années, et la voilà qui perdait presque connaissance en le voyant?

- C'est Dean qui m'a parlé de la soirée. C'est vraiment chouette cette place. Alors comme ça, tu es photographe?

- Merci... oui ça fait quelques années que j'y pensais, à ouvrir ce studio. Je suis photographe, et on peut aussi me voir dans des panneaux publicitaires de certaines marques moldue... je suis mannequin.

La jeune femme était gênée. Pourtant elle avait de quoi être fière. D'avoir accompli autant de choses depuis la fin de Poudlard. Elle ne faisait pas un travail très commun chez les sorciers, elle n'était pas garde malade, auror, journaliste ou bien medicomage.

- Et toi? Je crois que tu es Auror, non?

- Oui tu as bien su! J'apprends de mon métier tous les jours, j'adore ça. Il ne manque pas d'action!

Lavande esquissa un sourire. Elle était contente pour Ron, il semblait très heureux de faire ce métier, qui était important dans le monde sorcier. Elle en savait quelque chose, puisque plusieurs de sa famille étaient eux-mêmes Aurors.

- Tu habites toujours chez tes parents?

Ron n'avait jamais rencontré ses parents, même si durant leur sixième année, Lavande avait voulu l'inviter pour le congé des fêtes. Elle lui parlait souvent de ses parents, espérant qu'un jour ils les rencontrerait. Leur relation n'avait pas duré assez longtemps malheureusement.

- Non, ça fait environ un an. J'habite dans un petit appartement avec Parvati, pas très loin d'ici. Mes parents n'approuvent pas mon projet de studio et mes ambitions...

Elle s'y était fait à l'idée. S'ils ne croyaient pas en elle, tant pis. Elle avait Parvati et d'autres amis. C'est tout ce qui lui fallait.

- C'est dommage... Moi je... j'habite aussi en appartement avec Hermione... elle ne pouvait pas venir ce soir, mais elle te salue.

Ron semblait gêné, et Lavande eut un petit pincement au coeur. Bien sûr, Lavande n'était plus amoureuse de Ron, mais elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un peu de jalousie... C'était plus fort qu'elle. Hermione Granger, c'était la fille parfaite, celle dont Lavande avait toujours voulu ressembler, être son amie. Même si Lavande n'avait pas toujours été gentille avec elle, elle l'admirait secrètement. Jolie, intelligente, des qualités que Lavande n'avait pas.

C'était le passé. Maintenant, Ron était avec Hermione, et Lavande devait faire avec.

- Ah, c'est dommage. Tu lui diras bonjour de ma part. On s'était envoyé quelques hibous après la bataille, Hermione m'a sauvé la vie, tu sais...

- Oui, avec Greyback... d'ailleurs, comment vas-tu?

- Hum... eh bien la bonne nouvelle est que je m'en suis sortie vivante et sans 'conséquences', sauf une grosse cicatrice au dos. La mauvaise, c'est que j'ai encore des douleurs. Rien de grave, j'imagine que c'est normal.

Lavande n'aimait pas trop se rappeler de ces souvenirs. Pourtant, ils faisaient partie d'elle. Et puis c'était grâce à Hermione si elle était toujours vivante. Quand elle s'était réveillée à l'hôpital Ste-Mangouste, des semaines plus tard, elle avait essayé de contacter Hermione. Elle tenait absolument à la remercier. Cet événement avait beaucoup changé sa perception d'Hermione. Après, elle n'avait plus osé penser à Ron. Elle avait eu comme une révélation : il était temps de passer à autre chose.

- Oh non, je suis désolé que tu aies encore des douleurs. Il n'y a rien que puisse faire les guerrisseurs?

- Après tant de visites à l'hôpital, j'ai un peu perdu espoir, je vais t'avouer... au moins j'arrive à dormir. Il y a des gens qui souffrent plus que moi...

Lavande ne voulait pas se plaindre, elle détestait faire pitier (ce qui avait changé, puisqu'à l'époque de Poudlard, elle aurait profité de la situation pour attirer l'attention).

- J'imagine que tu as beaucoup de gens à saluer. Je vais aller profiter un peu du buffer, d'ailleurs il a l'air très bon. On se reparle bientôt?

- Oui. Merci d'être passé, c'est vraiment gentil à toi, Ron.

Ne sachant pas trop quoi faire, elle s'avança pour lui donner une accolade. Rien de méchant, juste une accolade entre amis. Était-ce bizarre? Trop tard, c'était fait. Elle tourna les talons et retourna parmi les invités. Lavande passa la soirée à saluer les gens, les remercier, elle eut même plusieurs petits contrats ici et là. Pour le mariage de sa cousine, on lui demanda même de passer à Poudlard pour prendre les élèves en photo. C'était tout un honneur pour Lavande. La soirée était super, vers la fin, il ne restait que quelques personnes qui l'aidèrent à tout ranger, nettoyer (ce qui ne prit pas trop de temps grâce à quelques sorts). Lavande était épuisée, elle avait envie d'aller dormir.

- Hé, Lav', avec Padma, on irait prendre une bièraubeurre! tu voudrais venir?

- Oh c'est gentil, mais je vais aller tout de suite me coucher. On se reprend?

- T'en fais pas, je comprends! C'était une super soirée. Et puis je t'ai vue parler à Ron... Tu me racontes tout demain?

- Sans faute. Allez, à demain! Merci encore, t'es la meilleure.